« La vie à l’heure des grandes transitions » – 2 jours à l’UNESCO

L’Université de la terre a été créée en 2005 à l’UNESCO, à l’occasion des 60 ans des Nations Unies. C’est un espace européen de réflexions et de débats.

Dans ce lieu, on cherche à :

– Comprendre les défis qui menacent notre planète et notre société avec des intellectuels, dirigeants, scientifiques, politiques, militants, artistes…
– Changer notre façon de vivre, de consommer, de travailler, de nous déplacer…mais aussi notre culture donc nos représentations.
– Faire naître la motivation d’agir pour une harmonie écologique et humaine. On peut lire cette phrase dans leur site internet qui nous parle bien : « Sans conscience et connaissance, point d’engagement éclairé ».

Ces Universités ont lieu à l’UNESCO, l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture. Son mandat consiste à instaurer la paix par la coopération internationale en matière d’éducation, de science et de culture.

Ces Universités se la Terre ont été organisées en partenariat avec Entrepreneurs d’avenir et ont eues pour thème « La vie à l’heure des grandes transitions ».
Ce thème à été décliné en 58 débats avec 307 intervenants, 10 000 personnes, sur deux jours. C’était gigantesque !

JOUR 1 : Nos enseignements

✔️ LA FOULE. Le premier jour a d’abord été pour nous une surprise : celle de voir autant de monde partout avec un centre d’intérêt commun. Ce qui nous fait dire que ce qui était marginal à l’époque a pignon sur rue auprès de nos grandes institutions aujourd’hui. Et que nous avons vraiment eu l’impression de sortir enfin de la solitude dans laquelle notre discours résonne en écho au quotidien.

✔️ LA MIXITÉ. En plus d’une foule incroyable, nous avons été surpris de voir la mixité des générations présentes dans ces universités. Ce n’était ni une question de vieux bobos, ni une question circonscrite à des militants activistes. Cela concernait des scolaires donc l’intérêt de l’éducation nationale pour cette question, des entrepreneurs, des cadres, des dirigeants, des militants, des jeunes diplômés. Non seulement il y avait une mixité des générations mais aussi une mixité sociale. Ce qui n’est pas forcément le cas dans les salons, festivals, lieux de militantisme que nous fréquentons habituellement. 

✔️ ET DONC L’INTÉGRATION. Pari réussi pour ces Universités de la terre puisque nous avons dépassé nos préjugés sur le GREEN WASHING. 

Dans la longue file d’attente pour entrer nous avons entendu quelques uns dénoncer le greenwashing de l’opération. Nous avons pris le parti d’y aller ouverts, sans apriori et d’être dans une pensée intégrative. Et on a bien fait ! 

On a entendu des discours qui nous ont confortés évidemment, des discours qui nous ont hérissé le poil parfois ; mais on a aussi entendu des points de vues contradictoires qui nous ont convaincus.

Nous pensons qu’il nous faut une vision intégrative, inclusive des points de vue de chacun et qu’on ne pourra pas changer tant qu’on sera dans le clivage, le communautarisme, la pensée contre. Que le changement va s’opérer dans des confrontations de points de vue d’origine opposée et la collaboration,  pourvu que nous ayons le même objectif, la même intention.

Nous pensons maintenant qu’il faut peut-être en passer par du Green washing pour toucher le maximum de personnes et avoir un discours qui commence à être transformateur auprès de tous. L’intention reste d’aller dans le bon sens. Il ne sert à rien de faire de l’entre soi. C’est stérile.

Comme l’écrit Hubert Reeves, « Sous l’effet de forces qui régissent la matière, des objets se joignent, s’associent et constituent des objets nouveaux avec des propriétés que ne possédaient pas les premiers » ; « Ce sont les jeux auxquels la nature s’adonne depuis le début du cosmos ». C’est ainsi que s’est créé l’univers et c’est ainsi que se créent toutes choses. Favorisons donc les rencontres improbables.

✔️ MAIS AUSSI DE LA DISSONANCE. Comme il y avait des points de vue différents, il y avait également des points de vue dissonants. On a entendu par exemple avec l’hydrologue Emma Haziza que lorsque l’on n’aura plus d’eau on ne pourra plus faire d’excavation de cobalt pour les outils numériques. Et dans une autre conférence, on entend la volonté de miser sur la permaculture humaine et sociale dans une entreprise numérique. Il y a des incohérences et il faut en passer par des bouillons d’intentions contradictoires pour avancer. Chacun cherche à défendre son canot mais toutes les barques sont arrimées au même paquebot !

✔️ UNE BOUFFÉE D’OXYGÈNE. Avec la fondatrice de « Too good to go »Lucie Basch, et son discours déculpabilisant, positif,  qui dit d’arrêter le Chamisme, nous avons retrouvé une bouffée d’oxygène. Nous partageons cette conviction qu’il faut arrêter de dénoncer ceux qui ne font pas assez ou qui ne sont pas exemplaires car on risque d’entrer dans une escalade du bon élève et créer de la compétition ou de l’abandon là où on a besoin de s’entraider. Même s’il faut viser la radicalité pour espérer obtenir un petit pas ; tous les petits pas et les petits efforts de chacun individuellement restent bons à prendre et sont une première forme de mise en action. En revanche, nous considérons que les pouvoirs publics ont un devoir de radicalité.

✔️ RATEAU DE LA JOURNÉE. Nous n’avons malheureusement pas vu Aurélien Barrau et raté la moitié d’une conférence à cause d’un problème d’organisation.

✔️ PÉPITES DE LA JOURNÉE.

  • Une rencontre avec Boris Cyrulnik.
  • La vue sur la Tour Eiffel à la cantine.
  • L’ambiance studieuse, respectueuse, multiculturelle de l’UNESCO

JOUR 2 : Le debrief

✔️ CERVEAUX ET TRANSITION. On a été bluffés par tous ces jeunes diplômés de grandes écoles notamment qui ne souhaitent plus travailler dans des entreprises qui ne montrent pas patte blanche (patte verte pour le mauvais jeux de mots) en matière de démarche écologique. Ils s’appellent les militants, les #infiltrés des grandes entreprises, et certains préfèrent adhérer à ces grands groupes pour militer de l’intérieur plutôt que de déserter. D’autres préfèrent démissionner et monter leurs propres projets. Tous ici présents ne veulent pas abandonner leur combat pour rendre les conditions d’habitabilité de la terre encore possible. 

Ce qui nous fait dire que la génération boomer a loupé le coche d’une lutte fondamentale et que c’est à présent aux Z et millénium de s’atteler à la tâche

Quoi qu’il en soit, ce n’est plus le stéréotype d’un discours rural naïf et en pull troué, c’est maintenant aussi le discours de nos jeunes têtes pensantes.

✔️ ÉMOTION. Il y a eu alors énormément d’émotion, de colère, de tristesse, de joie aussi pour continuer le combat et trouver la force de se réunir encore. Les larmes palpables chez certains se retenaient car la détresse et l’anxiété est grande face à l’inaction. 

On sait en psychothérapie que le changement s’engage avec l’intensité émotionnelle. Pas de doute, on est sur la bonne voie.

Boris Cyrulnik dit d’ailleurs que le scientifique renseigne et que c’est par l’art et l’émotion qu’on va changer les choses.

Clairement on s’est senti moins seuls dans nos convictions et nos émotions.

✔️ DÉCEPTION. On a été déçus, dans ce bouillon de bonnes intentions, du discours clivant et radical d’intervenants qui n’a pas permis d’aider des personnes de grands groupes qui veulent changer de paradigmes, mais aussi les urbains qui étaient là pour faire autrement et avancer. Les discours trop radicaux les ont laissés sur le bord de la route. 

Et a contrario on a pu être déçus du discours de grands groupes qui n’envisagent pas de changements fondamentaux dans leurs pratiques et qui parlent de qualité environnementale pour produire du cuir, donc rappelons-le, les peaux d’animaux morts. Un discours qui se veut vertueux mais qui est vide de sens si on sait que l’élevage d’animaux est responsable de la déforestation et donc du réchauffement climatique.

✔️ INSPIRATION. D’autres grandes entreprises nous ont paru exemplaires en matière d’effort pour aller vers des solutions industrielles vertes. Ils utilisent l’économie circulaire, la coopération verte en utilisant les déchets des autres industries, la réduction des déchets, l’utilisation de chauffe-eau biomasse plutôt que le fossile. Ces entreprises parlent de leur raison d’être qui n’est pas le profit mais l’incitation à acheter moins mais mieux

Et l’inspiration la plus belle de la journée sans doute, s’est passée auprès de Nans ThomasseyGuillaume Tisserand-Mouton Alias Mouts et Karine Viard notamment, lorsqu’ils ont déroulé leur avis sur la joie nécessaire dans des contextes qui génèrent de l’anxiété. Des conseils inspirants ont été donnés pour vivre heureux, joyeux ou retrouver le plaisir de vivre dans l’adversité. Une belle préparation des difficultés à venir.

✔️ RATEAU DE LA JOURNÉE. Un discours sur le luxe et les animaux qui nous laisse perplexe. Même si c’est un début.

✔️ PÉPITE DE LA JOURNÉE.

  • La joie de rencontrer Nans et Mouts, infatigables « intermittents du miracle » !
  • L’honneur de voir Cyril Dion que l’on suit depuis si longtemps, en vrai !
  • La découverte de la juste sensibilité de Karine Viard et de la finesse de ses analyses.

✔️ NOS MOTS CLEFS. Complémentarité et solidarité, être et faire ensemble, militer et s’infiltrer, adhérer et bifurquer, petits pas et radicalité, s’engager pour et pas contre

EN CONCLUSION

Il y avait un vrai contraste du public qui s’oppose au greenwashing d’une part mais aussi à la radicalité d’autre part. Est-ce qu’on ne serait pas entrain d’atteindre une forme d’équilibre ?

Certes largement insuffisant, mais un équilibre fédérateur qui dit que cette transition, on ne la fait pas de la même manière et avec les mêmes moyens mais avec le même objectif, sauver le vivant sur Terre.

Merci encore à Entrepreneurs d’avenir et Université de la terre pour cette édition 2022 dont on sort enrichis et remplis d’énergie pour contribuer à notre place à sensibiliser et faciliter les transitions écologiques, professionnelles et intérieures.